Vie d’artiste, ferocia anima
septembre 4th, 2013 at 09:16pm admin
Penser la violence, bien sûr sa propre violence.
Il faut remonter au noyau étymologique violentia « force (du vent), ardeur (du soleil), rigueur (de l’hiver), fougue, emportement (de caractère) puis vigueur », pour atteindre la bienheureuse violence.
Nietzsche l’appelle la volonté de puissance . C’est à dire la puissance de vie, ce qui fait que nous nous sentons vivants, que nous expérimentons la vie en nous, au danger de se méprendre en l’utilisant comme pouvoir.
Les personnalités fortement dotées de cette volonté de puissance doivent particulièrement consentir à ça : la violentia en soi, et le faire avec grande attention et à grands pas chassés.
La violence première est vitale et non mortelle. Créatrice et non destructrice.
La violence de vie première a été abîmée, il y a très longtemps, par de la sale violence. Alors il faut bien régler son compte à la fureur, à la rage, la haine qui sont souffrances. Guérir d’elles. Pour cette raison il faut descendre dans les abysses, et remonter. Ou monter au sommet de la montagne, et redescendre. Créer aux passages. Pour guérir de la fureur et de la rage.
« Bien avant qu’il y eut des philosophes, on accordait à la musique la force de décharger les passions, de purifier l’âme, d’adoucir la ferocia animi – et justement parce qu’il y a de rythmique dans la musique. Lorsque la juste tension et l’harmonie de l’âme venait à se perdre, il fallait se mettre à danser – c’était là l’ordonnance de cette thérapie. » Nietzsche, L’origine de la poésie in « Le gai savoir ».
Cela fait partie du travail du philosophe et de l’artiste, tous deux amis de la sagesse. De notre travail en général. Devenir ce que l’on est, connaître le fonctionnement de la violentia, vouloir la volonté de puissance qui est notre, chacun à sa mesure, s’en servir de manière juste. Quand elle devient colère aussi : au bon moment avec la bonne force, pour une bonne raison et contre la bonne personne. Créer avec elles. Voulons cette volonté de puissance qui nous veut, qu’elle soit énergie pure, énergie de vie. Mais. Guérissons de la folie de la fureur.« Etre dans la violence d’un monde à créer, appelé à supplanter la violence absurde d’un monde fasciné par son autodestruction. » (Raoul Vaneigem)
C’est un sérieux voyage.
mes textes sont publiés dans le web journal des Urbains de Minuit
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